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 TEXTES d'AUTRES AUTEURS 

Le choix des textes que nous mettons en scène avec Yves Gourmelon (Pessoa, Beckett, Novarina, Camus, Villiers de l’Isle-Adam, Bloy, Maeterlinck), outre sa pièce La Répétition publique (2006), est profondément lié à mon activité critique et aux grandes orientations de mes recherches sur l’esthétique apophatique (ou de la voie négative) : comment s’inscrit-elle dans l’écriture ? Quels défis lance-t-elle au travail de scénographie et de mise en scène ? quelles expérimentations ouvre-t-elle sur le hors-scène ? Force est de reconnaître qu’il y a bien une histoire commune entre mon activité critique, mes propres textes de théâtre, et les orientations de la compagnie depuis ces dix dernières années.

Lydie Parisse

Le Théâtre des paroles de V. Novarina (2008)

http://jmdinh.net/articles/montpellier/915

 

2008 marque le début des relations de Lydie Parisse et de Valère Novarina. Elles ont commencé par un temps fort : la parution de l'essai La Parole trouée.  Beckett, Tardieu, Novarina (Minard 2008, réed. Classiques Garnier), qui intervenait en même temps que la création à la scène par la compagnie  du Théâtre des paroles. Pour la première fois était porté à la scène Le Débat avec l’espace, qui évoque l'atelier de l’écriture : Novarina y raconte les conditions d’écriture de ses propres textes, leur processus de gestation mystérieux, en relation avec la peinture et les arts plastiques.  Depuis, divers articles n’ont cessé de venir prolonger cette expérience de plateau, qui travaillait sur l’apparition-disparition de l’acteur, la relation à la matière et aux objets, les différents supports du texte (voix enregistrée, vidéo, écriteaux, etc), de manière à traduire les différents aspects de la négativité de cet univers dramatique : la relation à la langue, la relation à l’objet, la relation  aux arts plastiques, la conception du jeu de l’acteur, le tout référé à une obsession du vide et du hors-scène, avec une mise en abyme illusionniste de la chute interprétée par Philippe Goudard.

Depuis 2008, Lydie Parisse a organisé de nombreuses  rencontres avec Valère Novarina dans le cadre de sa recherche et de son enseignement.

Rencontre Novarina/ 20 octobre 2015, au Ring, à Toulouse. 

Dans le cadre du séminaire Passeurs de patrimoine organisé par  son laboratoire de recherche  à l’université de Toulouse 2 (PLH), Lydie Parisse a mis en place et animé une séance de débat entre Valère Novarina et Amador Vega, professeur d’esthétique et de philosophie à l’université Pompeu Fabra à Barcelone, autour des relations entre création et voie négative, dans le théâtre et dans les arts plastiques.

 

Lien vers la vidéo de la rencontre.

 

http://www.sup-numerique.gouv.fr/pid33288/moteur-des-ressources-pedagogiques.html?ressourceUrl=http%3A%2F%2Fwww.sup-numerique.gouv.fr%2Fressources-pedagogiques%2Fnotice%2Fview%2Foai%25253Acanal-u.fr%25253A19236

 

Lien vers le Ring.

 

http://www.theatre2lacte-lering.com/lering/event/rencontre-valere-novarina/

 

Rencontre Novarina /16-18 novembre 2011.

La rencontre du 20 octobre 2015 se situait dans le prolongement d’un colloque organisé par Lydie Parisse  en 2011 autour des mêmes problématiques. Valère Novarina et Amador Véga avaient également participé à ce colloque, et Valère Novarina y avait donné une lecture publique autour du lien de son écriture à celle de Jeanne Guyon.

 

http://plh.univ-tlse2.fr/accueil-plh/activites/colloques/colloque-international-le-discours-mystique-128413.kjsp?RH=axes_ELH

 

Les échanges de ce colloque ont été mis en ligne par Baglis TV.

 

https://www.baglis.tv/intervenants/2234-lydie-parisse.html

 

Les actes de ce colloque ont été publiés sous la direction de Lydie Parisse : Le Discours mystique dans la littérature et les arts (Classiques Garnier, 2012)  et ont donné lieu à un article de Daniel Vidal dans  la revue Les Archives des sciences sociales des religions, aux éditions de l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris).

 

http://journals.openedition.org/assr/25583

 

Rencontre Novarina /15 février 2013.

A l’occasion des représentations de L’Atelier volant au théâtre Garonne à Toulouse, Lydie Parisse a animé une rencontre à la Librairie Etudes avec les étudiants du Master Création littéraire de l’université de Toulouse 2, accompagnée d’un atelier d’écriture et d’ateliers de lecture à voix haute.

 

http://master-ecriture.univ-tlse2.fr/accueil/rencontres/comptes-rendus/rencontre-avec-valere-novarina-compte-rendu-317890.kjsp

 

http://blog.etudesmirail.com/rencontre-du-1502-valere-novarina-autour-du-laboratoire-de-lecriture/

 

Rencontre Novarina/ 22 novembre 2008.

Au moment de la création du Théâtre des paroles par la compagnie et de la parution de son ouvrage La Parole trouée (Minard 2008), Lydie Parisse avait animé sa première rencontre avec Valère Novarina au Théâtre Pierre Tabard à Montpellier, en partenariat avec L’ALLEMS (Laboratoire Dipralang) et l’équipe RIRRA 21, de l’université de Montpellier 3.

 

"Le musée de l’intranquillité"/ Pessoa (2006)

 

Une contribution à un colloque sur le « Théâtre quantique » organisé en 2008 par le laboratoire LLA-Créatis à Toulouse, a permis d’évoquer les grandes lignes de ma plus importante installation plastique, comprenant une centaine d’objets et des machines sonorisées, créée au Théâtre du Hangar en novembre 2006 à Montpellier, et qui a tourné jusqu'en 2012. Cette forme, baptisée « musée de l’intranquillité » offre aux spectateurs une déambulation à l’intérieur de la scénographie du spectacle, ce dernier consistant en une partie théâtrale à deux voix donnée à la suite de la visite de l’installation. Le musée, théâtre d’objets visuel et sonore, se veut un essai de transposition du processus d’écriture à l’origine du  Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, œuvre fragmentaire constituée d’observations du quotidien, sans cesse ramenées à une pensée des abîmes et de la lacune : lacune au cœur de l’être, au cœur du réel, au cœur du langage. C’est ce regard « autre », ce « regard étranger », qui se veut mise en interrogation du réel, qui a été mis en espace. La démarche négative est au centre du processus textuel et plastique puisqu’il s’agit de rendre palpable ce qu’est cet état de manque, que Pessoa nomme à l’aide du néologisme « desassossego », traduit en français par « intranquillité », pour décrire l’état de son hétéronyme – Bernardo Soarès- qui parcourt Lisbonne dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, décrivant un état de conscience fulgurant :

 

« Je me suis rendu compte, en un éclair intime, que je ne suis personne, absolument personne. [...]. Et moi, ce qui est réellement moi, je suis le centre de tout cela, un centre qui n’existe pas, si ce n’est par une géométrie de l’abîme». « Je suis la scène vide où passent divers acteurs, jouant diverses pièces».

 

L’espace de l’installation plastique est construit selon cette logique d’une « géométrie de l’abîme » — où j’ai tenté de métaphoriser une inversion entre le haut et le bas, et où le centre se dérobe sans cesse. L’écriture fragmentaire qui est celle du Livre de l’intranquillité, peut s’interpréter comme une errance entre deux infinis, dans un mouvement permanent de tourbillon, que nous avons concrétisé à travers un objet scénique animé et sonorisé. L’installation s’organise en univers miniatures autonomes, à partir d’objets étranges ou banals  qui correspondent de manière précise à des fragments textuels décrivant des figures du monde intime du narrateur. En ouverture du spectacle, les spectateurs sont invités à déambuler sur un sol balisé de passerelles à la topographie perturbante, et dans une position de surplomb, voire de vertige, par rapport aux théâtres miniatures qu’ils découvrent.

 

L’Oiseau bleu de Maeterlinck (2008)

 

  Notre mise en scène de L’Oiseau bleu a donné lieu à une publication en 2012. Menée avec onze acteurs issus de la troupe amateurs de la compagnie, elle privilégie la miniaturisation du décor et la mise en place d’un théâtre d’objets. Chaque acteur est relié à un accessoire emblématique, et anime des figurines des animaux de la forêt qui seront les figurines d’un théâtre de marionnettes. Le Dixième tableau, caractéristique de la voie négative, est consacré au Royaume de l’Avenir, sorte de cour de récréation métaphysique où sont évoquées les futures inventions des enfants à naître, et c’est là une gageure pour la mise en scène que d’avoir à représenter ce qui n’a encore ni nom ni forme. Les enfants des limbes sont devenus, pour nous, des baigneurs bleus, et les inventions à venir, des sphères vides qui font un certain bruit quand on les agite, les sons matérialisant l’invisible.

 

L’Exégèse des lieux communs de Léon Bloy (2011)

http://jmdinh.net/objet/bourgeois

 

Ma recherche sur l’œuvre de Léon Bloy a trouvé une orientation vers les arts de la scène : en 2010, j’ai écrit et mis en scène une adaptation théâtrale de L'Exégèse des lieux communs, qui devrait donner lieu, courant 2016, à une journée d’études consacrée à ce texte, dans sa relation avec la théâtralité. En créant une adaptation scénique de L’Exégèse des lieux communs, je n’ai fait que confirmer le lien qui unit ma recherche universitaire originelle en tant que dix-neuviémiste et les orientations exclusivement théâtrales de ma recherche actuelle. La mise en scène pour deux acteurs prend pour principe un repas du louffoque « Concile des Gueux », rituel hebdomadaire mis en place par Bloy, Villiers de l’Isle-Adam et Huysmans dans les années 1880. Les acteurs trônent de part et d’autre d’une très longue table peuplée d’objets et de miniatures diverses qu’ils animent, tout en cherchant un rapport interactif avec le public, dans un clin d’oeil aux soirées Dada où on lisait L’Exégèse en 1917 à Zurich.  Le repas est mis en perspective avec l’évocation d’un hors-scène (L’Atlantide[5]) qui replace la parole bloyenne dans un cadre qui veut au-delà de l’espace et du temps.

 

La Révolte de Villiers de l’Isle-Adam (2014)

http://journals.openedition.org/litteratures/329?lang=en

 

http://jmdinh.net/articles/livres/19214

 

La création de La Révolte est liée à un intérêt de longue date pour l’œuvre de ce dramaturge. Mon attrait pour cette pièce m’a amené à publier un article il y a dix ans, et m'a conduit à en publier un second en 2014. Mon premier article posait des fondations théoriques, tandis que le second[7] se proposera d’envisager la pièce dans son rapport avec les enjeux de mise en scène que nous rencontrons aujourd’hui lors de sa création, et qui révèlent la modernité d’un texte qui non seulement n’a pas pris une ride, mais dont la langue témoigne d'une volonté de rénovation en profondeur des codes de jeu, d'écriture, et de représentation, qui la rapproche des esthétiques contemporaines. L'inscription de la figure auctoriale ; le mépris de la psychologie ; le refus de l'action au profit de la parole ; l'inscription du silence dans la partition dramatique, tous ces éléments singuliers sont au service d'une réflexion, à la fois métathéâtrale et métalinguistique sur le processus d'élaboration de l'écriture. Par ailleurs, ce texte, comme tous les textes de Villiers, relève de la voie négative. Elisabeth est de ceux qui disent « non », et la scène est entièrement référée à un hors-scène : le lieu dont rêve Elisabeth est un non-lieu, un impossible espace du ciel, ou un état intermédiaire entre la mort et la vie. Se pose alors de manière cruciale la question de ses entrées et de ses sorties.  Enfin, le texte est par moments écrit comme une partition musicale, entre la fugue et l’opéra. Dans notre mise en scène, Élisabeth se livre à des performances poétiques, et les parties lyriques de La Révolte relèvent de l’oratorio et de la forme opératique.

 

Le Malentendu de Camus (2008)

 

En lien avec la tradition camusienne du théâtre Pierre Tabard que nous dirigions à Montpellier, la compagnie s’est attachée à mettre en scène l’œuvre de Camus : Le Malentendu puis L’Étranger. Notre mise en scène du Malentendu de Camus est décrite dans une communication présentée en Ontario en 2011[8], qui souligne l’importance des hors-scènes, dont la prégnance est toute-puissante sur le déroulement de l’action : à travers le personnage du domestique ; à travers un espace-temps incertain qui renvoie à l’Histoire, à l’Algérie, aux temps bibliques, mais aussi à travers l’univers aquatique des flots de la rivière qui charrie des morts, et de la mer comme figure paradoxale d’un absolu qui serait aussi un désert.  La mise en scène a proposé des choix radicaux qui accentuent l’abîme métaphysique d’une pièce suspendue entre la tragédie, le polar et le fait divers. Le schéma psychologique ne fonctionne pas, les didascalies sont la plupart du temps à retransposer : tout réfère à la logique des figures et à la théologie négative, à travers notamment le personnage de Martha, personnage vertigineux, héroïne du ‘non’ et du refus. Afin de traduire la dépersonnalisation à l’œuvre dans les personnages, notre choix a été de démultiplier l’appareillage des voix, du son, de l‘image, de dissocier les instances acteur/ personnage/ figure, de jouer des scènes en doublets simultanés, enfin d’avoir recours à la miniaturisation du décor et des figures.   

 

Premier amour (2004) et Imagination morte imaginez de S. Beckett (2008)

http://journals.openedition.org/miranda/1960

 

Le travail de la compagnie sur l’œuvre narrative de Beckett  – Premier amour créé en collaboration avec Alain Béhar, et Imagination morte imaginez[9], performance de quinze minutes au sein de l’installation consacrée à l’écrivain irlandais – a donné lieu à de nombreuses publications, dont beaucoup soulignent la relation d’étrangeté à la langue, qui se manifestait sur scène, lors des représentations de Premier amour interprété par Yves Gourmelon, par un état de tension de la mémoire volontairement entretenu par le comédien, et par la suppression, à la diction, des liaisons. Le second thème que j’ai développé est celui du jeu avec les contraires, dont la figure la plus connue, anthropomorphisée, est celle de l’androgyne, présente dans Imagination morte imaginez. Dans l’écriture de Beckett, cette obsession se manifeste dans les combinatoires, et se traduit par une recherche sur une volonté de dépasser l’anthropomorphisme ; et par un jeu sur les non-couleurs, dont la blancheur et le gris sont les principaux pôles ; par un certain rapport à l’espace-temps ; et par des figures récurrentes, dont les principales sont le cercle, le trou, la spirale ou le tourbillon. 


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