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L'OPPOSANTE (Domens 2015)

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Couverture Die Gegenspielerin.jpeg

Lien vidéo vers la dernière scène (épilogue)

https://vimeo.com/418630694

Le texte, les différentes versions.

(voir l'onglet "livres", "fictions")

La pièce est un  monologue. Elle a été traduite et publiée en deux langues, elle a été lue à Berlin en octobre 2018 et représentée à Gdansk en octobre 2019.  

Oporna, revue Dialog, Varsovie, 2018, avec un article critique de Piotr Olkusz.

 

Die Gegenspielerin, Noack&Block, Berlin, 2020, version bilingue avec 24 dessins de l’auteur, une préface de Serge Pey, une postface de Sven Thorsten Kilian, un article critique de Cornelia Klettke, le texte traduit d’une rencontre animée par Patrick Marot.

https://www.facebook.com/events/430655344244570/ 

Le texte a fait l'objet de 3 parutions aux éditions Domens.

L'Opposante (2015)

L'Opposante de la presqu'île (2020) version romanesque

L'Opposante de la presqu'île (2021)version augmentée illustrée/Prix du livre Insulaire 2022.

 

Le texte, le thème.

C’est à partir d’une histoire réelle que l’auteure a élaboré le récit de cette femme – morte à 97 ans – qui a enfoui dans le secret de son âme un amour interdit.  Sur la côte sauvage de sa Bretagne natale, elle a aimé un allemand durant la seconde guerre mondiale avant d’en être séparée, sans jamais l’avoir oublié. Depuis le jour de sa mort elle se met à parler pour un compte à rebours avant de s’enfoncer à jamais dans la brume. 

Historique du spectacle

et des événements autour

 

L’OPPOSANTE a été créé dans le cadre d’une carte blanche d'un mois donnée à  l'autrice Lydie Parisse à Toulouse, au Ring, du 31 mars au 30 avril 2015 : trois spectacles en création ont été présentés au Ring avec le soutien du Théâtre Garonne (Les Devenants, L’Opposante, L’Encercleur).  

Avec Yves Gourmelon (depuis 2016), avec Y. Gourmelon et Marie Angèle Vaurs (2015)

 

Dans la première version (# Opus 1), le spectacle était donné avec deux acteurs. Au premier plan, Yves Gourmelon donnait le texte en lecture, à un pupitre, dans sa quasi-intégralité, tandis qu’en arrière-plan, Marie-Angèle Vaurs réalisait une performance quasiment muette, où elle donnait parfois la réplique à son partenaire : une femme se déplaçant du matin au soir dans sa cuisine et accomplissant des gestes quotidiens du lever au coucher, dans des climats de lumière changeants illustrant les heures du jour.

 

Dans la seconde version (# Opus 2), mise en place un an plus tard pour le festival d’Avignon 2016, la mise en scène a été épurée car il nous a semblé que le texte est avant tout un texte sur l’absence et qu'il n’était pas nécessaire qu’il y ait une présence féminine sur scène.

Le spectacle a été crée en avril 2015 à Toulouse (Le Ring), repris au festival d’Avignon en juillet 2016 (salle Roquille), au festival Voix Vives à Sète en  juillet 2016 (Théâtre de Poche), à Montpellier en octobre 2016 (la Baignoire), à Toulouse en janvier 2017 (Cave Poésie), à Montpellier en mars 2017 (Theatre P. Tabard), à Béziers (Théâtre Sortie Ouest,février 2018), Couffoulens (Théâtre dans les Vignes, février 2018).

Depuis 2018, des extraits vidéos du spectacle sont donnés dans divers lieux, en France, en Allemagne, en Autriche,  au moment des rencontres-lectures-performances autour du texte. Dès 2020 s'ajoutent (en Allemagne et en France) des moments d'exposition autour des dessins originaux de l'autrice publiés dans l'édition allemande (Berlin 2020) et dans l'édition illustée de 2021 (Domens).

Depuis 2021, les représentations reprennent : au Centre Culturel Améthyste à Crozon (novembre 2021), au festival du Livre d'Hiver à Montgiscard (décembre 2021), à l'espace La Gare du Nord à Pezenas dans le cadre des 30 ans des éditions Domens (juin 2022).

 Critique (extraits)

 

Une bouleversante adresse aux vivants et un témoignage sidérant sur le 4e âge

 

C’est un grand texte qui a été donné récemment à La Baignoire, lieu militant, si précieux pour le fragile théâtre régional. ‘L’opposante’ est une dame de 97 ans qui refuse la nourriture à la maison de retraite. L’auteure Lydie Parisse, écrivaine, plasticienne, metteure en scène et maître de conférences à l’université de Toulouse 2, fait se déplacer la parole de cette femme depuis de multiples endroits du temps : d’abord la mort, puis les derniers jours de la vie dans un terrible compte à rebours. Nous sont révélées les pensées de ceux qui sont emmurés dans la vieillesse. Leurs mots. C’est une bouleversante adresse aux vivants et un témoignage sidérant sur le 4e âge, construit à partir de la longue observation, sur plusieurs années, d’une personne proche. Magistralement interprété par Yves Gourmelon.

 

                        Valérie Hernandez, La Gazette de Montpellier, 3 au 9 novembre 2016

 

Le récit nous tient de bout en bout, par son esprit coquin, et par la poésie, qui s’y glisse à chaque instant

L’Opposante de la presqu’île appartient à l’œuvre théâtrale de Lydie Parisse. Elle ouvrait alors ce que le poète Serge Pey, qui signe ici la préface, décrit comme un « dialogue inouï avec le dernier sommeil ». Monologue de théâtre donc, L’Opposante, vieille bretonne de 97 ans, revient sous la forme romanesque, récit d’une vie à la frontière du néant. (...) Comment raconter le manque de courage, le sentiment de culpabilité. Avec beaucoup de simplicité, de décalage aussi, le récit nous tient de bout en bout par son esprit, coquin, par la poésie qui s’y glisse à chaque instant. Le personnage de L’Opposante devient le lieu de résistance, à la vie qui s’enfuit, à l’oubli, et sous une apparente dispersion – du temps, du corps qui ne tient plus, des souvenirs, des lieux – se construit un ouvrage dense qui gravite autour d’un centre, Hans : « Je nous imagine tous les deux jeunes, sur une plage, en temps de paix, je nous survole dans mon hélicoptère, je suis bien.»

 

                                    Virginie Maillès-Viard, Le Matricule des Anges, N° 211, mars 2020.

Un texte rare et une écriture d’exception

 

Ici, un texte rare et une écriture d’exception dont la traversée troue le spectateur de battements de portes jusqu’aux plus secrets recoins de son existence. Cette oeuvre renouvelle le genre du tombeau, ce poème parfois destiné à un roi ou une reine, ici adressé à une ignorée inconnue. Lydie Parisse avec son univers symbolique et panthéiste, explore le front fraternel de la mort. Devant nous, la dissolution de l’âme et du corps nous regarde. Ce moment de l’affranchissement commun prend soudain bouche dans un temps qui nous réunit et nous observe. Cette œuvre, vraie écriture du commun banal d’une disparition est, comme nous le montre Spinoza, une méditation sur la vie. Une peau du dedans et du dehors où chaque miroir en se regardant se détruit dans ses images. Une poétique. 

 

                                                                   Serge Pey, poète, Toulouse, avril 2015

 

Un dialogue inouï avec le dernier sommeil

 

Lydie Parisse établit un dialogue inouï avec le dernier sommeil en mettant en scène une histoire vraie, une anecdote, qui soudain fait légende et témoignage pour notre temps. L'attente du passage définitif dans les espaces-temps de la dissolution est un miroir de notre propre attente. L'aspiration vers le sujet infini, où mort et vie accomplissent leurs noces de cendres, reste le destin de notre état de dialoguant .

 

                                                                       Serge Pey, Toulouse, janvier 2017

 

Un compte à rebours

 

Yves Gourmelon arrive à se glisser dans la peau de cette femme lucide sur ce qui l'attend, sur son passé, sur la manière dont son entourage la regarde et lui parle. Son interprétation est touchante. La lumière est particulièrement importante dans cette pièce, illustrant le fil du rasoir sur lequel se trouve le personnage, à la fois entre la vie et la mort.

                                                             

                                          Audrey Morard, La Provence, juillet 2016

 

Un monologue hors du commun, sans lourdeur ni pathos

 

Une très vieille femme vient de mourir et prend enfin la parole... C’est stupide me direz-vous, quand on est mort, on ne parle pas. C’est pourtant sur ce postulat surnaturel que démarre ce monologue hors du commun, avec comme fil conducteur le lyrisme et la poésie d’un texte qui résonne de manière unique. (…) La vieille dame a fini sa vie dimanche dernier et vit ses premiers jours de morte, assiste à son enterrement, ne se prive pas de faire des remarques sur ses enfants, la décoration fleurale... C’est cocasse parfois, tendre aussi et touchant souvent. (…)

Le thème est grave mais il est traité ici avec légèreté et profondeur. Il n’y a ni lourdeur ni pathos, parfois même le public et moi-même rions de bon cœur. Je sors de là avec l‘envie de profiter du moment présent, de la vie. Merci ! A voir donc de toute urgence !

 

                                           Marie-Madeleine Pons, www.vivantmag.fr, juillet 2016

Un texte puissant et émouvant, un excellent acteur : allez voir "L'Opposante" de Lydie Parisse (en résidence à La Marelle en 2017/2018).

 

                                              Pascal Jourdana, directeur artistique de la Maison                                     des écrivains La Marelle (Friche Belle de Mai, Marseille)

 

Lydie Parisse signe un texte saisissant de liberté

 

Lydie Parisse signe un texte saisissant de liberté, l’histoire d’une femme morte un dimanche, jour où la France entre en guerre au Mali. Rapport de la petite histoire à la grande, rapport à une guerre du silence qui forge le destin de l’opposante. La pièce met en lumière une vie sous forme de confidences emportées. La simplicité sincère et intense de Yves Gourmelon porte l’interprétation à un niveau de sensibilité rare. Le texte est touchant, drôle et jubilatoire quand il bouscule les tabous et les simagrées commémoratives. Pour ceux qui restent, la mort est un grand théâtre. La mise en scène présentée à Avignon accueille le public dans une quasi-obscurité permettant aux spectateurs d’entrer dans un espace d’entre deux mondes où l’acuité s’aiguise. « C’est comme ça et pas autrement ».

 

                                  Jean-Marie Dinh, La Marseillaise, Montpellier, 12 octobre 2016

L’exploration du « continent perdu ».

 

On doit aussi à Lydie Parisse L ‘Encercleur et Les Devenants, créations découvertes il y a deux saisons de ça. L’Opposante s’inscrit dans une sorte de triptyque. Le personnage est mort un dimanche et s’adresse au spectateur depuis l’outre-tombe. Un comédien seul, le visage éclairé dans la quasi-obscurité, tient le livre de son récit à main. Disposés autour de lui, les éléments d’une scénographie simple : l’habitat d’une vieille dame avec une table et deux chaises, des fleurs, une maquette de longère bretonne. (…)

La vie en quelques lignes, donc, celle d’une opposante. Une histoire vraie a inspiré ce beau texte – fluide, émouvant, cadencé par des notes d’humour. Le choix de mise en scène – un comédien masculin, qui d’abord lit, puis incarne le personnage, pour finalement laisser la place à des effets sonores et visuels, un travail de lumière – est intriguant. Cette création n’est en effet pas seulement l’histoire d’une femme. Elle se veut exploration de ce lieu étrange que l’Opposante appelle « le continent perdu », qui se trouve avant la naissance, après la mort, aux confins de la vie.

 

                           Roshnara Corby, Le Clou dans la Planche, Toulouse, 9 janvier 2017.

 Liens

 

2022. Une rencontre a  eu lieu à l'Université de Montpellier 3 en février en partenariat avec la Baignoire et  Occitanie Livre & Lecture. Animée par Florence Thérond et Bela Czuppon.

 

https://www.lydieparisse.com/montpellier-universite-master-class

2020. Une rencontre a eu lieu à la librairie Ombres blanches en janvier. Animée par Patrick Marot.

https://www.lydieparisse.com/rencontre-l-opposante-de-la-presqu-

 

2016. Une table ronde a eu lieu dans le cadre des Rencontres du Conservatoire d’Avignon. Programme SACD Festival d’Avignon 2016. « Autour de L’Opposante de Lydie Parisse. Vies réelles, vies fictives. Sur les pas de Lagarce » 

https://www.lydieparisse.com/avignon-conservatoire-16-juillet-20

Texte (extrait)

VINGT-QUATRE.

C'est le printemps, dans neuf mois je serai morte, 

Hier c'était Pâques, dix-neuf heures dans mon lit médicalisé à une place, vous êtes passés me voir, 

j'ai besoin de deux morceaux de toblerone, 

pour le deuxième allez le prendre dans la réserve de toblerone, au-dessus du frigo dans la kitchenette, puis vous me donnerez quatre gorgées d'un verre d'eau. Sur mon balcon, les marguerites explosent avec le printemps, les marguerites, elles sont devenues trop grandes, elles débordent des bacs, c'est fatigant toute cette débauche de vie des végétaux, 

on ne peut pas être tranquille, 

mais j'aime les fleurs, c'est ainsi, c'est le printemps, 

faut bien. 

Depuis mon lit je les regarde, c'est un vrai petit jardin, je les regarde en mâchant mon toblerone, moi qui vis au ralenti, les noisettes me gênent dans le toblerone, je les enlève et les dépose au fond de vos mains. Vous allez dans ma salle de bain, vous allez découvrir mon cœur croisé playtex blanc en coton, vous allez penser que c'est une coquetterie de ma part, depuis bien longtemps je n'ai plus de gorge à soutenir, je n'ai plus de chair, plus rien qui ressemble à des formes, et pourtant, je me soutiens, 

faut bien. 

Quel âge j'ai, déjà? Je le demande à mon fils aîné tandis qu'il est penché sur mon lit.

J'ai quel âge ?

Quatre-vingt dix sept ans.

C'est pas vrai? 

Tu es bientôt centenaire, maman.

Je vais ... encore pouvoir résister ... pas jusque là ... je peux résister ... ils vont me donner des choses... pour être plus forte ... avoir la force ...tu as combien d'enfants ? quatre ?

Non, trois.

Ils ont quel âge? 

Trente-trois ans, vingt-deux ans, quinze ans.

Et ils sont gentils ?

Oui, ils sont gentils.

J'ai mal à la tête, j'espère que ça va passer ... tu penses souvent à ta mère? 

Oui maman, je pense souvent à toi, je pense souvent à toi, je pense à toi.

Je penserai à toi... Les Anciens sont fatigués, fatigués ... Dehors, il fait froid ?

L'aide-soignante me donne un cachet de doliprane. J'ai presque disparu sous les couvertures, mon corps n'a plus de volume sous les couvertures, il est devenu presque plat, je sais que vous pensez que malgré cette mort apparente, je suis vivante, je suis bien vivante, je pétille encore, je suis aussi vivante que vous peut-être, 

faut bien. 

Vous êtes bouleversés.

Vous vous demandez ce que c'est que le seul fait de vivre. 

De mes coudes qui ne peuvent plus s'accouder ; 
de toute ma masse devenu friable ;
de mon visage émacié tout retiré vers l'intérieur ; 
de ma carcasse proche du squelette d'oiseau ; 
de ma peau si transparente qu'elle laisse voir mes veines roses et bleues ; 
de ce printemps qui est un défi et une insulte ; 
vous voyez bien que j'aimerais pouvoir me mettre à l'unisson ; 
déplier mes pétales ; 
faire briller mes étamines ; 
ployer doucement sur ma tige ;
et savourer, l'espace d'un instant, l'immobilité sereine de la fleur ; 
moi qui suis comme les fleurs condamnée à l'immobilité ; 
les fleurs sont mes sœurs ; 
être fleur je ne sais à quoi ça ressemble ; 
je ploie toujours plus vers le sol ;
mes yeux sont à la surface de la terre ;
cette terre que je redoute de quitter.

Ici, maintenant, dans ma chambre, c'est le crépuscule, les ombres s'agrandissent, le jour finit, et là, tandis que vous me tendez un café dans la chambre, toutes les puissances du monde sont là, vous le sentez, toutes les puissances du monde sont dans ma chambre, a dit le poète, elles sont là, comme des servantes attentives, elles ignorent que le soleil couchant soutient au-dessus de l'abîme le drap que ma main retient, et qu'il n'y a pas un seul astre qui soit indifférent au mouvement de ma paupière qui retombe. 

Et vous assistez à travers moi à la cruauté vitale de la vie.

Photos

Les photos sont de Nicolas Ehrsam pour la version actuelle (#opus 2), de Fabien le Prieult pour l'ancienne version (#opus 1, avec Yves Gourmelon et Marie-Angèle Vaurs)

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